Prix du logement à Luxembourg

Une offre soutenue, mais des prix en hausse
 
L’effervescence immobilière reste une réalité au Luxembourg. Le Grand-Duché, qui ne connaît (presque) pas la crise, voit les prix s’envoler et l’offre s’étoffer. D’autant que l’on prévoit jusqu’à 60 % de croissance pour l’immobilier de bureau et 50 % pour le résidentiel d’ici à 2020. De quoi inspirer les investisseurs…
 
 
D’aucuns s’arrachent les cheveux dénonçant la flambée des prix de l’immobilier. D’autres se frottent les mains. Au Luxembourg, le logement se fait rare et cher. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché (Statec) et l’Observatoire de l’habitat, au deuxième trimestre 2016, l’indice des prix des logements affiche une hausse de 5,6 % ; 7,7 % par rapport à l’année précédente. Le prix moyen par mètre carré des appartements existants s’élève à 4 613 €/m2, celui des appartements en construction à 5 764 €/m2. Quant au prix moyen d’une maison unifamiliale, il atteint allègrement les 594 379 € ; et ce n’est qu’une moyenne. Bref, pour acheter ou louer un appartement ou une maison, c’est de plus en plus difficile, a fortiori pour les revenus les plus modestes. Pour l’instant, le Statec affirme qu’un résident seul peut encore s’en sortir avec un revenu de moins de 2 000 € mensuels, et un couple avec deux enfants mener « une vie décente » avec 4 000 € mensuels. Il leur faudra pourtant consacrer au moins la moitié de leur budget au logement. Selon certains professionnels, il faut même dépenser, en moyenne, 1 359 € pour louer un appartement, toutes surfaces confondues…
 
La rançon de la gloire
Il est vrai que le Grand-Duché, place financière solide et reconnue, affiche une réussite économique à faire pâlir d’envie ses voisins européens : le PIB a plus que triplé depuis une vingtaine d’années, alors que l’Europe voyait le sien doubler. Quant à la population active, elle a été multipliée par deux lors de la même période. Le tout sur fond de stabilité économique constante. D’ailleurs, selon la Commission européenne, « le Luxembourg possède un secteur financier sain, pour lequel les risques peuvent être qualifiés de limités ». Les indicateurs restent donc au vert, mais les prix flambent : « Les prix de l’immobilier résidentiel ont presque doublé en termes réels au cours de la période 2000-2014 », rappelle encore le Statec. Sur l’ensemble du pays, les prix des logements ont augmenté de plus de 35 % depuis 2004 ! Entre 2013 et 2014, les prix moyens des maisons et des appartements ont respectivement augmenté de 7 % et 2,9 %. Et la demande n’est pas près de faiblir. Chaque année, entre 8 000 à 13 000 nouveaux résidents frappent à la porte du Grand-Duché, tandis que 2 500 à 3 500 nouvelles unités de logement sont mises sur le marché.
 
Hausses tous azimuts
Côté location, ce sont les petites surfaces que l’on recherche en priorité. Hausse des prix : 3 % sur les six derniers mois. Même tendance pour les maisons de quatre chambres minimum. Le loyer moyen pour une maison ancienne, toutes surfaces confondues, s’élève à 2 460 €.
Les surfaces plus importantes restent du domaine de la vente. Dans l’immobilier ancien, les prix augmentent de 4,35 % sur un an pour les appartements et de 3 % pour les maisons : il faudra débourser 410 925 €, en moyenne, pour un appartement et 694 636 € pour une maison (toutes surfaces confondues). Quant au neuf, il se porte bien également, avec une hausse des prix de 3 % en un an. Prévoir un budget moyen de 495 825 € pour un appartement neuf, quelle que soit la surface. Le placement « pierre » reste donc excellent. Mais ces chiffres varient en fonction des régions.
 
En quête de mètres carrés
Le pays n’est pas extensible et les mètres carrés viennent ainsi à manquer par endroit. Une constante : plus on se rapproche de Luxembourg-Ville et plus les choses se compliquent. Le Grand-Duché, qui affiche une superficie de 2 586 km2, doit y caser coûte que coûte ses 576 249 habitants. Selon L’Observatoire de l’habitat, le potentiel foncier reste important : 10 % de la superficie totale du pays correspondent à des zones urbanisées ou destinées à être urbanisées. Et, entre le Nord et le Sud, les écarts de prix persistent. Tout au nord, le prix moyen d’une maison s’élève à 525 528 € ; 331 892 pour un appartement. Au Centre-Sud, on atteint les 984 493 € pour une maison et 615 694 € pour un appartement. Résider près de son lieu de travail devient désormais un luxe. À tel point que certains ont choisi d’habiter en France ou en Belgique… « Un nombre croissant de ressortissants luxembourgeois à revenus modestes se verront contraints de déménager en périphérie, voire dans les pays limitrophes », prévoient les professionnels de l’immobilier. Plus de 11 000 Luxembourgeois auraient déjà passé la frontière. Ceux qui peuvent rester sont en majorité propriétaires : 85 % des résidents nationaux. Près de 50 % des résidents étrangers ont opté pour la location. Concernant le logement social, on recense plus de 2 000 demandeurs inscrits sur les listes d’attente du Fonds du logement (FdL). Pourtant, les projets immobiliers ne manquent pas : un millier de logements devraient sortir de terre à Dudelange, Esch-sur-Alzette, Belvaux et à Wiltz. Le plateau du Kirchberg devrait également accueillir près d’un millier de nouveaux logements à caractère social. De quoi améliorer encore l’attractivité du Grand-Duché.
Par Emilie Di Vincenzo