Un appart’ bien à soi qui respire son essence…

Véronique Creissels est accoutumée aux nombreux thèmes ayant été évoqués dans les différents numéros du magazine Exzellenz depuis sa sortie à l’automne 2021. Et pour cause ! En matière de goût et de décision, cette Parisienne d’adoption est une femme aguerrie, eu égard à une prolifique et brillante carrière professionnelle, notamment en tant que directrice de la communication au service de grands groupes internationaux. Et c’est seulement il y a une petite douzaine de mois qu’elle a décidé de bifurquer vers une activité annexe, à savoir celui du conseil en communication et en accompagnement de changement.

Cette ancienne Lyonnaise s’était par ailleurs installée dans la Ville Lumière à la fin de ses études, avant de redéménager ultérieurement un peu plus au nord pour aller vivre quelques années à Bruxelles. Puis, elle revint poser ses valises pour de bon avec sa famille en Région Parisienne, dans un pavillon du côté de Suresnes. Néanmoins, la force d’attraction de l’ancienne Lutèce faisant, Véronique et son petit monde investirent à nouveau le grand Paname intra-muros, en louant un appartement spacieux du 7^e arrondissement plus exactement, à proximité du grand magasin séculaire « Le Bon Marché » qui fit le bonheur des dames de l’illustre Zola d’antan. Entre Véronique et ce quartier, cela a toujours été une affaire de connexion (ou de « chemistry » pour reprendre la formule anglo-saxonne). Et ce qui devait arriver arriva ! Il y a environ dix-huit mois de cela, Véronique va décider carrément de se porter acquéreur de son nouveau « chez elle », un nouveau nid douillet qu’elle va petit à petit faire redécorer à sa manière et pour son plaisir...

La recherche et la trouvaille de votre perle rare ne se sont pas avérées trop ardues à une époque de crise sanitaire toujours en alerte ?

Je dirais que oui et non ! Lorsque l’on veut acheter, il n’y a souvent qu’un même refrain, à savoir la question du prix. Cela étant dit, en ce qui me concerne, c’était le quartier qui me plaisait, un coin de Paris dans lequel je tenais à rester, et comme j’avais une idée très précise de ce que je voulais, j’ai fait en sorte de me simplifier la vie dans une période compliquée.

Un cocon de 80 mètres carrés avec deux chambres et un grand salon, plus une petite cuisine, une fois tout ça en tête, les descriptifs et les visites ont été beaucoup plus simples à gérer, car on a d’emblée une idée très précise de ce à quoi on peut s’attendre ou pas. À partir de là, lorsque j’ai franchi le seuil de la porte de ce qui allait devenir ma nouvelle habitation, ce fut le déclic instantané, et j’ai su en un coup d’œil que j’avais atterri chez moi. Une sorte de coup de cœur, en somme ! Néanmoins, il faut faire preuve bon an mal an d’un peu d’imagination pour arranger un lieu à sa sauce.

Vous pouvez détailler en ce sens ?

À vrai dire, le logement en question avait un potentiel énorme, même si personne n’avait encore su l’exploiter à son vrai standing. L’endroit n’était qu’un pied-à-terre pour les propriétaires d’alors, un couple de Britanniques qui y séjournaient seulement de temps à autre. Et naturellement, au goût d’outre-Manche, avec beaucoup de moquettes au sol et du tissu sur les murs qui enveloppaient pour ainsi dire des gros meubles. En outre, eu égard aux absences prolongées des occupants, ces derniers n'avaient pas trop eu le temps de s’employer à entretenir les pièces qui révélaient un aspect plutôt sombre… Mais pour ma part, j’ai vite envisagé ce que l’endroit pourrait devenir avec les conseils d’une décoratrice expérimentée, mon amie Macha Genest.

Quid des autres visites avant la découverte de l’El Dorado ? Est-ce que ce fut la croix et la bannière ?

Je ne parlerais pas de galère (et ne saurais d’ailleurs pas situer sa limite), mais j’ai pu raisonnablement tabler sur plus d’une vingtaine de visites. Ce qui commence à faire, on en conviendra. Mais, bizarrement, la vie est parfois bien faite. En effet, c’est au moment où je désespérais de trouver chaussure à mon pied, dans le périmètre du Boulevard Saint-Germain notamment, qu’avait été acceptée une offre antérieure que j’avais proposée pour un autre logement somme toute « pas mal » ailleurs, du côté du Val de Grâce, mais plus éloigné de l’idée de départ. L’affaire qui devait se faire assez rapidement a cependant traîné quelque peu en longueur et, dans l’intervalle, j’en avais profité justement pour continuer mes investigations là où je voulais précisément habiter dans la capitale. Et, comble de bonheur, c’est ainsi qu’à l’occasion d’une dernière annonce et lors d’une ultime visite effectuée « à l’arrache » j’ai fini par taper dans le mille, bon prix bon œil… Mais au forceps !

Et ce nid alors, de quoi a-t-il l’air ?

C’est un appartement situé au troisième étage d’un immeuble qui en compte cinq. Celui d’en face étant moins imposant, le nôtre bénéficie d’une plus grande clarté que d’autres bâtiments des rues avoisinantes, et dans la Ville Lumière, celle du ciel vaut son pesant d’or.

Vous avez procédé à un lifting de surface ou plus corsé ?

S’agissant de l’intérieur, il a fallu bien entendu redécorer, ce qui a impliqué d’isoler le plancher, de casser deux cloisons (pour ouvrir un double salon, par exemple), ceci, sans pour autant modifier la disposition préalable des pièces. Chacune d’entre elles a pu garder son emplacement d’origine.

L’entrée bien sûr était également à revoir et, en complément de la remise en état des installations électriques, des travaux inhérents à la plomberie et à la tuyauterie, en particulier dans le cadre de la reconfiguration de la salle de bain et de la cuisine, étaient incontournables.

C’est seulement ensuite qu’est venu le tour de la décoration, avec le précieux concours de Macha qui est gentiment intervenue afin de m’aider et de m’accompagner pour les lignes décoratives et tous les choix de couleurs, matières, radiateurs, d’interrupteurs, rideaux, etc.

Et quelle est la valeur ajoutée de votre griffe à ce bijou désormais ?

C’est un appartement qui est ma propriété, en ce sens où, contrairement à la location (généralement), j’ai pu en faire une habitation qui me ressemble, qui est mienne et dans laquelle je me sens bien vivre et où j’aime rester. C’est un critère crucial en matière de logement ! J’ai pu y mettre ma patte, et j’ai tout choisi moi-même, ce qui procure une sensation de plaisir et d’accomplissement personnel quelque part.

En d’autres termes ?

Avant tout, j’ai privilégié une déco assez simple, sans trop charger, aussi bien au niveau du mobilier que de la physionomie des murs. Tout dans un style somme toute épuré, du blanc bien évidemment, mais avec une note de couleur (initialement inspirée par Macha !), juste comme il faut et surtout là où elle sied le mieux au reste.

Fondamentalement, pour mieux resituer l’anecdote, tout est parti d’un de mes tous premiers meubles, en l’occurrence un magnifique canapé de couleur brique terracotta que j’avais acheté il y a plus d’une vingtaine d’années. Cet élément avait fini par devenir une sorte de mascotte pour chacune de mes nouvelles habitations, car il nous avait accompagnés ma famille et moi-même à l’occasion de chaque déménagement. Puis un beau jour, on a fini par s’en débarrasser, le temps faisant son œuvre.

Cependant, dans un coin de ma tête, trottait encore et toujours l’image de ce canapé fétiche, témoin de tant de moments passés et de pérégrinations chères à nos vies communes. D’où l’envie récente de le remplacer par un jumeau, en velours brique, en concertation avec la décoratrice, et ce, dans le but plus ou moins inavoué de constituer un décor dont ce canapé serait l’épicentre, au niveau des couleurs pour le moins.

Cette source d’inspiration va de ce fait engendrer un genre de clair-obscur très modéré, en particulier grâce à un mur blanc dans le salon qui va renvoyer sa luminosité sur une autre paroi teintée d’un vert tout en harmonie avec la couleur brique du canapé, ce même coloris étant rajouté en rappel (ou en annonce, suivant le moment où les invités arrivent ou repartent) juste dans l'entrée.

Et question mobilier, êtes-vous plutôt vieille mode ou commode ?

En vérité, c’est seulement dans un second temps qu’il m’a fallu choisir (en concertation avec la décoratrice d’intérieur) entre des anciens meubles voués à me quitter et d’autres auxquels je tenais davantage et qui ne risqueraient surtout pas de jurer avec le nouvel aspect voulu de mon logement.

J’ai donc gardé deux fauteuils en velours gris Utrecht de chez Cassina. Il y a aussi une table de salle à manger Kartell avec un dessus en grès blanc et des chaises en plastique Starck assez légeres,  des tables basses ovales Sentou et un tapis The Socialité Family.

Quant à ma propre chambre à coucher, elle est dans le style de celui de Sarah Lavoine, portée particulièrement sur le jaune safran au niveau de la tête de lit et sur d’autres peintures. Nous avons également travaillé sur une unité de couleur tournant autour du vert dans la petite salle de bain (mais pratique), comme pour célébrer un rappel de la performance du salon.

La cuisine, quant à elle, est d’une clarté neutre, du carrelage au plafond, tout en sobriété. Ma foi, le tout dans un style très citadin et assez parisien, à la fois confortable et chic, qui fait se sentir cosy et lové. Le tout avec une bonne partie de mobilier contemporain assaisonné d’éléments hérités du patrimoine familial, comme cette commode provençale que j’ai toujours emportée avec moi.

Ceci étant, le mot d’ordre reste toujours le même, à savoir : pouvoir circuler et respirer aussi librement qu’à l’extérieur, mais à l’intérieur, au sein même de son espace le plus intime et privé.

Véronique a donc réussi son pari, celui d’un foyer bien à elle, d’un nid où elle – ainsi que ses grands enfants, lorsqu’ils sont de passage – se sent bien et dont elle rêvait, le tout sans canard (ou fausse note) ou quoi que ce soit qui puisse paraître mal fait ou encore mal pensé. La curiosité et la patience aidant, la maîtresse des lieux continue jour après jour, en laissant le temps au temps, de compléter une déco qui se veut minimaliste et fonctionnelle en même temps et qui, au gré des humeurs et des ambiances, s’accommode cordialement et parfaitement avec un nouveau tableau ou un cadre de photo, une façon bien à elle d’apporter sa touche personnelle… Un peu comme son miroir dernier cri Tsé & Tsé, tout en écailles de verre. D-C.