Cher monsieur, pouvez-vous nous expliquer comment on en arrive à gérer la communication et le devenir d’un bâtiment aussi illustre et emblématique que le Heintz van Landewick ?
J’ai étudié la géographie, les sciences politiques et le droit européen à l’université de Sarrebruck. Après une carrière dans le secteur bancaire et le consulting dans divers secteurs allant même jusqu’au spacial, j’ai remis les pieds bien sur terre et dans le milieu de l’immobilier (notamment la grande distribution et les centres commerciaux) puis pour Agora Belval pour le lancement du projet de transformation de Esch-Belval. Mes nouvelles fonctions sont maintenant ici, ce qui semble une continuité logique puis j’œuvre au Luxembourg depuis 20 ans et pour le développement urbain depuis 30 ans. Je suis également professeur quelques heures par an en aménagement du territoire à Kaiserslautern. Je suis le premier gérant « full time » du projet Heintz van Landewick et c’est un beau challenge. J’ai commencé avec une assistance en novembre 2016 et nous sommes aujourd’hui dix au sein de l’équipe. D’ici et de l’étage qui abrite nos bureaux, nous jouissonsd’une parfaite vue sur le développement d’un futur prometteur…
Parlez-nous de ces bureaux magnifiques dans lesquels l’équipe du Luxemburger Wort, mais aussi de plusieurs autres sociétés, évolue au quotidien depuis décembre 2022.
Le 11 mai 2022, nous avons inauguré officiellement les bâtiments. La famille propriétaire des lieux compte six générations installées pendant 120 ans à Hollerich. La manufacture initiale autour de l’activité de cigarettier a migré depuis quelques temps à Diekirch. Le bâtiment restait, magnifique et emblématique d’une période architecturale particulière… Notre mission a donc été, en quelque sorte, de réinventer ce site afin de lui donner un nouveau souffle.
Sa réalisation date de 1937, de pur style Bauhaus art moderne. Rappelons que le Bauhaus - plus grande école d’art européenne et à l’avant-garde de son temps -, se caractérise par des constructions fonctionnelles dans un style épuré et par une architecture géométrique. La famille propriétaire des lieux a toujours souhaité conserver ce symbole d’un héritage pluriel : celui d’une entreprise familiale autant que d’une époque particulière. La gageure était de lui redonner vie et une nouvelle fonction en respectant sa substantifique moëlle (sourires).
Racontez-nous la mue du bâtiment !
Compte-tenu de la profondeur du site et de la hauteur sous plafond, cela se prêtait très bien à des activités de bureaux mais avec cette touche quelque peu différente de la majorité des bâtiments du pays, une élégance typée, racée. Il s’est avéré après études qu’il était techniquement faisable de convertir les lieux en bureaux. Accompagnés dans cette rénovation par le service de l’Institut national pour le patrimoine architectural (INPA), notre travail a été de précision, ardu mais passionnant. Le cabinet Belvédère a également vu le potentiel de faire communiquer le bâtiment et le parc, à partir de l’endroit qui était initialement une cave. Ils ont aussi suggéré de faire une extension du bâtiment en L (élément sculptural) afin de marquer la nouveauté. Cela aboutit aujourd’hui à un édifice faisant parfaitement le lien entre patrimoine et renouveau.
Question quelque peu provocatrice mais sommes-nous chanceux de travailler en ces lieux ?
Assurément ! Il fallait trouver un nouvel écrin de travail pour votre groupe de presse. Quand la décision a été prise de choisir ce bâtiment qui répondait aux critères requis pour établir le personnel et les bureaux du Luxemburger Wort, le lieu présentait il est vrai, de multiples avantages. Alors le transformer pour en faire le berceau d’un groupe de presse, oui. Mais en revanche, certaines choses devaient perdurer de « l’ancien temps ». Entre autres, l’immense et très belle enseigne de Heintz van Landewyck visible de la rue de Hollerich, au fronton du bâtiment. Mais également les sols – parquet et carrelage – retrouvés sous des couches successives de revêtements de sol. A un endroit du bâtiment, le carrelage date de la genèse de l’édifice, 1937 ! Il y a un petit musée dans une des pièces du bâtiment. On peut s’y attarder sur l’histoire de Heintz van Landewyck et ses activités autour du tabac.
Il y a également eu la découverte d’une porte donnant directement sur la terrasse... Qui sait, le bâtiment va peut-être encore nous livrer l’une ou l’autre surprise…
Exergues :
Ce bâtiment de pure tradition Bauhaus, la famille héritière a décidé de ne pas le démolir et d’en faire le symbole de son héritage. Mais quelle fonction allait-on pouvoir alors lui donner ?...
Nous jouissons aujourd’hui d’un bâtiment faisant parfaitement le lien entre patrimoine et renouveau.